2020, une année de jeux

J’ai abordé l’année 2020 avec une liste de jeux à faire (détaillée en fin de mon article de l’année dernière), avec pour objectif de jouer à la crème de mon backlog, ne retenant que ceux dignes du titre de Jeu de l’année. Et le résultat est probant, mon année de jeux vidéo a été fantastique (le seul point positif de cette pandémie ayant été le temps supplémentaire pour jouer). J’ai fini des jeux comme jamais, dont 17 sur la liste originale de 20. Sans plus attendre quelques statistiques.

  • 123 jeux joués (70 en 2019)
  • 1389 heures jouées, 26h30 en moyenne par semaine, hallucinant (900 heures en 2019, 50% d’augmentation)
  • 97 jeux terminés (dont 8 DLC, 2 rejoués, contre 55 en tout l’année dernière)
  • 15 jeux abandonnés (dont seulement deux que j’avais réellement payés)
  • 11 jeux non finis (je caresse l’espoir d’y revenir)
  • Je ne compte plus les jeux qui s’ajoutent au backlog
  • 288€ dépensés pour les jeux (244€ en 2019, excluant cette année l’achat d’un nouveau PC portable)

Voici le tableau Google Sheets pour ceux que ça intéresse.

Cette année, le backlog a encore été assailli de toutes parts, enfin sur PC du moins: Epic a continué à donner des jeux gratuits comme des petits pains, itch.io a proposé le plus grand des bundles, et surtout Game Pass a assis sa position de meilleur service d’abonnement, en proposant très régulièrement quantité de jeux alléchants, du blockbuster à l’indé, du puzzle au narratif. Et pour une fois, j’ai réussi à me motiver à jouer à tous ces jeux sur mon PC (c’est fou comme il suffisait juste de le brancher à la TV avec une manette ^^), et ils représentent donc plus de la moitié des titres terminés, et un tiers du temps de jeu. Il faut dire que cela m’a permis de mettre la main sur un tas de titres pour lequel je n’aurais pas mis la main à la poche : des jeux narratifs courts (Observation, A Mortician’s Tale), hors de mes genres de prédilection (Yoku’s Island Express, Hidden Folks), des jeux sympas sans plus (Steamworld Dig 2, Mutazione) ou des jeux controversés (Wolfenstein II, Sunset Overdrive). Mine de rien, ça a permis des pauses salvatrices entre les AAA ambitieux, qui ont eu la fâcheuse tendance à tous intégrer des mécaniques loot/RPG et plus généralement à étirer leurs aventures plus que de raison (God of War, Assassin’s Creed Origins).

Ces derniers ont principalement été l’apanage de la PS4, qui conserve le temps de jeu le plus important pour seulement un quart des titres terminés. Clôturant la liste, la Switch a su se faire sa place, avec peu de titres finis (ma bibliothèque se constitue progressivement) mais beaucoup de temps de jeu, notamment grâce à sa portabilité (nombreuses sessions pendant que ma femme regarde Netflix) et surtout grâce à Slay the Spire, qui totalise plus de la moitié du temps de jeu la console. Tout cela a contribué à l’abandon des autres plateformes, PS3, PSVita et Android.

Je suis évidemment fier du nombre de jeux terminés, mais aussi d’avoir enfin pu jouer à des classiques justement célébrés (Half Life, Dark Souls, The Legend of Zelda Breath of the Wild, Into the Breach, Celeste), d’être finalement venu à bout de titres en ma possession depuis des années (Left 4 Dead, The Witcher 2, Undertale), comme d’avoir pu jouer à certaines nouveautés (The Last of Us Part II, Paradise Killer, Carto) et aussi d’avoir trouvé le temps pour d’adorables indés (A Short Hike, Ape Out, Night in the Woods). Bon, j’ai aussi replongé une partie de l’année, pas aidé par les addictifs Slay the Spire et Rocket League, comme en atteste la baisse de jeux terminés de septembre à novembre (ça correspond d’ailleurs à mes vacances et à mon déménagement), mais contrairement à mes rechutes liées aux trophées les années précédentes, aucun sentiment de culpabilité cette fois. NB: le pic en juin est dû à l’attribution de tout mon temps de jeu de Slay the Spire sur le mois où je l’ai fini, quand en réalité, c’est à lisser sur le deuxième semestre.

Cette année encore, mes dépenses ont été bien contrôlées, moins de 3€ par jeu. Les seules dépenses que je m’autorise en fait sont celles pour ma Switch, qui me permet de jouer dans des situations sans alternative (Mario & Lapins Crétins, Ashen), certaines grosses sorties particulièrement attendues (The Last of Us Part II, Spelunky 2), les jeux coop pour jouer avec ma femme, une exception assez rare pour consentir des efforts (Overcooked 2, A Way Out), ou alors des suites/extensions de titres qui m’ont plu (les DLC de Control, Yakuza 6). Tout le reste vient de mon backlog, ou de Game Pass (24 jeux terminés, 7 essayés), le bundle itchio (12 jeux terminés, 2 abandonnés). Tout cela me rend très réticent à sauter le pas et faire de nouveaux achats. Avant le seul frein c’était la possibilité que le jeu soit proposé via PS+, maintenant Epic et Game Pass ont bien accentué le phénomène.

Enfin, comme si je ne passais pas déjà un temps monstre à jouer aux jeux vidéo, j’ai ajouté pas mal de Youtube en plus cette année. Pas seulement les critiques et analyses dont j’avais déjà bien l’habitude (mention spéciale à la chaîne de Noah Caldwell Gervais), mais aussi des streams. Je n’avais pas une haute opinion de ce genre de contenus, souvent racoleurs et reposant trop sur la personnalité du streamer à mon goût, mais j’ai trouvé chaussure à mon pied avec des joueurs de haut niveau : la scène eSport Rocket League propose des matchs impressionnants et divertissants, et j’y ai trouvé le plaisir de suivre une compétition sportive récurrente. D’autre part, les runs commentés de Jorbs sur Slay the Spire m’ont bien aidé à progresser dans le jeu, mettant à nu les réflexions stratégiques d’un joueur expert pour me révéler la vraie valeur des cartes et reliques. Nul doute que je n’aurais fait qu’effleurer le jeu sans cela. Je n’en suis pas à suivre le contenu en live, mais je suis content d’avoir trouvé ce pan du jeu vidéo dans lequel je peux me plonger à ma convenance.

Je souhaite également mettre en lumière la grande variété de titres qui m’a marqué cette année. Sans plus de cérémonie, mon top 10, et autres récompenses.

  1. Kentucky Route Zero
    Etrange et poétique, belle, mélancolique et profondément touchante, parfois incompréhensible, cette aventure littéraire suivant une bande de laissés pour compte dans des Etats Unis en déclin est ambitieuse sur la forme et sur le fond, avec une écriture singulière et des interludes en DLC expérimentaux. J’ai adoré son visuel et la musique, et même s’il est certain que je suis passé à côté ou au travers de certains passages, j’ai été impressionné par ce voyage unique.
  1. Night in the Woods
    Sorte de pendant jeune adulte et plus accessible de Kentucky Route Zero, un passage à l’âge adulte compliqué dans une ville sinistrée par la fermeture de la mine et des commerces. Si les thèmes sont sérieux (et bien traités), l’aventure regorge de moments entre amis, hilarants, tristes, inconfortables qui touchent. Je n’oublierai pas l’anxiété et l’humour acerbe de Mae, la colère contenue de Bea, les phases d’enthousiasme contagieux de Greg, ni leurs formidables répétitions.
  1. Eliza
    Autre jeu narratif, qui m’a encore beaucoup parlé. Le personnage principal, Evelyn, est une ingénieure informatique à un carrefour dans sa vie. Elle travaille dans une startup mélant pyschothérapie et technologie, et se pose plein de questions sur ce qu’elle veut et doit faire. Les sujets de société abordés par les patients que l’on suit sont pertinents et invitent à la réflexion, et les différents protagonistes sont tous étoffés. On évite la plupart des clichés sci-fi, pour rester sur un scénario crédible et humain, où l’absence de réels choix n’empêche pas un vif intérêt.
  1. Metro 2033/Last Light/Exodus
    J’ai fini la trilogie en un mois, et elle m’a marqué. Tout d’abord par son univers, un point de vue post apocalyptique atypique dans le métro moscovite et au-delà. On y retrouve un peu des campagnes FPS linéaires scénarisées comme Half Life 2 ou Wolfenstein, où l’on aperçoit de loin en loin les vestiges de l’humanité, survivant comme elle peut. L’ambiance de l’aventure, tendue et souvent désespérée, son rythme nous réservant de nombreux rebondissements, m’ont séduit. Si l’écriture n’est pas toujours au niveau, la formule marche et l’on s’attache à sa tribu itinérante dans le dernier volet, entre deux sections mêlant Fallout et Far Cry à une échelle réduite s’affranchissant du côté checklist.
  1. Assassin’s Creed Origins
    L’Egypte du jeu m’a bluffé, donnant à explorer une civilisation antique, à travers de grandioses monuments, de magnifiques cités et petits villages, et un désert prégnant. L’influence de The Witcher 3 se fait sentir, et si l’écriture n’est clairement pas au niveau, on bénéficie tout de même de nombre de quêtes qui illustrent le quotidien de la population, et d’un mode Discovery Tour instructif. On bénéficie de plus des deux protagonistes les plus charismatiques de la série (peut-être la capuche enfin optionnelle ?), pour une aventure par ailleurs classique d’infiltration de camps.
  1. A Short Hike
    Une expérience charmante et maîtrisée de bout en bout, qui exécute à la perfection les principes d’habitude attribués à Nintendo : une exploration libre et ludique qui est sa propre récompense, des mécaniques accessibles mises à profit dans des quêtes et mini-jeux que l’on découvre naturellement, avec une écriture joviale et une présentation mignonne à souhait.
  1. Ape Out
    Une variation primale et brute d’Hotline Miami, ou l’on incarne un gorille dévastant tout sur son passage dans des niveaux semi-aléatoires au rythme de percussions jazz. Ce n’est pas un jeu très complexe, mais c’est un plaisir des sens que d’envoyer valser les gardes contre les murs dans de grands éclats de couleurs, d’avancer à l’instinct dans ces niveaux minimalistes sur une partition enivrante. Chaque niveau introduit une nouvelle idée, le rythme est excellent, le challenge bien dosé et le tout est simplement jubilatoire.
  1. Lonely Mountains Downhill
    Le VTT de descente est un sport extrême qui me fait rêver, et jouer à Lonely Mountains Downhill me permet d’assouvir ce fantasmeq en toute sécurité. On y retrouve l’homme ou la femme face à la montagne, son vélo comme seul compagnon. Les décors minimalistes sont néanmoins bucoliques et la simple balade est en soi un plaisir, grâce à des contrôles très intuitifs et satisfaisants, mais le jeu propose aussi un challenge de time attack très bien dosé, avec des descentes regorgeant de raccourcis qu’il nous convient de trouver et d’exploiter par nous-même. Le jeu nous laisse vraiment la bride sur ce point, et il est très gratifiant d’améliorer ses temps en tentant de nouvelles trajectoires, plus risquées et spectaculaires, sans jamais ressentir une pression désagréable, car les temps demandés pour débloquer le contenu (pistes, vélos, tenues) sont loin d’être hors de portée.
  1. The Last of Us Part II
    Le plus impressionnant des AAA, une prouesse technique qui laisse sans voix, portée par des performances d’acteurs au sommet, au service d’une narration ambitieuse et proposant des affrontements riches et tendus. Le tout est épuisant avec la dose de violence et de souffrance présente dans le jeu, mais le jeu laisse un souvenir indélébile avec des moments magnifiques, de l’intime au spectaculaire.
  1. Slay the Spire
    Ce jeu de cartes s’est imposé à moi sur la durée. Quand j’ai vu la fin la première fois au bout d’une dizaine d’heures, je le trouvais trop aride, trop dur, trop aléatoire et frustrant, alors que je peux désormais gagner quasi à tous les coups, quel que soit le personnage (dans la difficulté de base !). La profondeur tactique est réellement impressionnante, des tas de decks sont viables, mettant à profit nombre de cartes et reliques, rendant chaque run différent. Les débuts de partie sont tendus, on essaye de donner forme à son deck avec ce qu’on trouve en cours de route, et si tout se passe bien on termine en apothéose avec des synergies abusées qui roulent sur les adversaires. J’y ai joué 250 heures, et je n’en ai toujours pas fait le tour ni battu les modes de difficulté les plus élevés. Ce fut mon jeu refuge la moitié de l’année, qui a justifié à lui seul l’achat de la Switch. J’ai même racheté le jeu sur PC pour tester quelques mods. J’ai regardé des heures et des heures de runs sur Youtube pour me perfectionner, et le jeu a envahi mon esprit durablement, c’est donc sans surprise qu’il atteint la plus haute marche de ce podium.

Autres catégories

Classiques enfin découverts qui tiennent leur rang
Celeste, même si je n’aurai jamais les fraises et les coeurs
Into the Breach, même si c’est d’une difficulté implacable
Half Life, même si Xen
The Legend of Zelda Breath of the Wild, même s’il me manque du narratif
Dark Souls, même si ça vaut pas Bloodborne
Left 4 Dead, même si j’ai joué en solo
Yakuza 0, même si c’est très long

Prix de l’écriture
Eliza
Kentucky Route Zero
Night in the Woods
Wide Ocean Big Jacket – Mordant séjour au camping
West of Loathing – Hilarant et absurde RPG western horrifique

Indie choupi
Carto – puzzler malin
Yoku’s Island Express – mariage improbable de flipper et de metroidvania
Battle Chef Brigade – Top Chef version japanime
Wandersong – platformer musical moins niais qu’il n’en a l’air
Donut County – revisite moderne de Katamari Damacy
Hidden Folks – Ou est Charlie interactif bien rigolo

Meilleurs environnements/univers
Assassin’s Creed Origins
Yakuza 6 – le tourisme virtuel dans une paisible cité balnéaire
Paradise Killer – une mythologie baroque et satanique
Observation – une station spatiale plus vraie que nature

Meilleurs défouloirs
DOOM – ballet démoniaque aux amphétamines
Ape Out
God of War – grisante hache boomerang
Katana Zero – remix 2D de côté d’Hotline Miami

Plaisirs coupables
Sunset Overdrive – mix de Tony Hawk et DOOM
Watch Dogs 2 – platformer de drones
A Way Out – Heavy Rain coop

Déceptions
Baba Is You – trop dur, même avec les réponses
Halo – arènes vides copiées/collées
Vampyr – écriture insupportable
The Outer Worlds – soporifique
Wolfenstein II – trop dur et peu inspiré
Paratopic – une purge prétentieuse

Et pour conclure, je vous renvoie vers la playlist des bandes-sons de mon année. Joyeuse année à tous !

Une réflexion sur “2020, une année de jeux

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